Contexte

La monétisation de la data est un sujet complexe et stratégique de l’ère du numérique. L’utilisation et la revente des données personnelles des utilisateurs est le socle du modèle économique de nombreuses entreprises présentes sur le web.

En contrepartie de cette revente de la data, se pose la question de la rémunération des personnes concernées.

Toute information se rattachant à un individu ou permettant de l’identifier constitue une donnée personnelle qui s’érige désormais comme « l’or noir » du XXIème siècle.

Règlementations françaises et californiennes

Le Règlement Général sur la Protection des Données entré en vigueur le 25 mai 2018 s’est inséré dans une logique protectrice eu égard au développement de la sphère numérique dont le corollaire est le traitement exponentiel de données attachées aux personnes.

La donnée personnelle est donc devenue un enjeu économique clé mais aussi une exigence pour les parties prenantes de répondre aux principes du RGPD.

Dans son rapport d’activité 2021, la Fédération e-commerce et vente à distance (FEVAD) a réalisé un sondage concernant les attentes des acheteurs vis-à-vis des sites marchands.

En ce sens, 68% des personnes interrogées se sont montrées soucieuses de la sécurité de leurs données. Parmi elles :

  • 59,9% sont sensibilisées aux problématiques liées à la sécurité des transactions
  • 47,5% sont sensibilisées à la protection de leurs données personnelles.

A l’instar du RGPD en France, le California Consumer Privacy Act (CCPA) est également entré en vigueur le 1er janvier 2020. Il s’agit d’une réglementation au périmètre plus restreint que le RGPD puisque, bien qu’intégrant les ménages (contrairement au RGPD), elle exclut les données de santé et les relations avec l’administration publique.

Le CCPA créé des droits pour permettre aux personnes de savoir si des données personnelles les concernant sont vendues à leur insu. Le CCPA octroie aux personnes des droits similaires à ceux instaurés par le RGPD et la Loi Informatique et Libertés à savoir le droit d’accès (droit d’accéder à ses données personnelles détenues par un tiers), de rectification, d’opposition et de suppression.

Ainsi, chacun peut devenir un véritable acteur de sa propre donnée.

Étude américaine : « l’adresse, une donnée de luxe »

Un sondage réalisé aux États-Unis a relancé la question de la monétisation de la donnée. Une grande partie des interlocuteurs a manifesté son engouement pour que les données soient cédées en l’échange d’une rémunération.

En effet, aujourd’hui, des entreprises se rémunèrent via l’usage et la revente des données personnelles sans contrepartie financière pour les personnes concernées.

Les résultats de cette étude sont sans équivoques. Contre rémunération, les Américains sont beaucoup plus enclins à céder leurs données :

Parmi les personnes interrogées :

  • 33 % d’entre elles sont contre les publicités ciblées,
  • 76 % refusent les options de tracking publicitaires lorsque cela est rendu possible,
  • 62,2% sont plus enclins à céder leurs données contre rémunération.

L’étude menée a également apporté des informations concernant la nature de la donnée que les utilisateurs sont prêts à vendre :

  • 15 % des personnes sollicitées ont indiqué qu’elles ne partageraient jamais leur adresse qu’elles considèrent comme étant une donnée à risque,
  • en revanche, les données démographiques (âge, sexe, habitude de déplacement…) ainsi que les données concernant les loisirs, sont des données que les personnes sollicitées n’ont pas de réticence à communiquer.

L’étude révèle aussi le prix que les sondés seraient prêts à fixer en fonction de la nature de la donnée :

  • les loisirs 175 $ (soit 156 €),
  • les habitudes de consommation 293 $ (soit 262 €),
  • le numéro de téléphone : 580 $ (soit 518 €),
  • les informations de santé : 788 $ (soit 704 €),
  • l’adresse : 1048 $ (soit 936 €).

L’adresse est donc une donnée que tous les utilisateurs ne seraient pas prêts à communiquer et surtout qui selon eux, est la donnée ayant le plus de valeur dans l’écosystème numérique.

Et vous ?

Considérez-vous que vous devriez être rémunéré en contrepartie de la revente de vos données personnelles ?

Quelles sommes vous paraîtraient juste pour vendre certaines de vos données ?

Ces questions ainsi que les enjeux juridiques et économiques qui y sont associés sont complexes. Ils seront sans nul doute un des sujets clés des prochaines années compte tenu de la quête toujours plus importante de la donnée personnelle par l’ensemble des acteurs économiques.